6- La pratique de la forme; les deux aspects.

La pratique de la forme. Les deux aspects.
Bonjour aux élèves, bonjour aux invitées,
Je vais m’adresser à vous comme je m’adresse à mes élèves, d’ailleurs ces textes sont écrits surtout pour eux. Plusieurs de ces élèves sont des partenaires d’entrainement depuis plus de quinze ou vingt ans. Tous ces textes abordent des sujets qui sont discutés dans le cadre des cours. La plupart des élèves sont déjà familiers avec les contenus. Alors les textes sont des aide-mémoires auxquels les élèves peuvent se référer à tête reposée en dehors des cours. Il faut dire que nos cours ne sont pas toujours de tout repos. Il n’est pas nécessaire de tout comprendre. Ce sont tous de petits morceaux d’un casse-tête qui à la longue finiront par former une image. La pratique est la table qui va servir de support à toute l’aventure. Le but de ces articles est de stimuler la réflexion, d’enrichir notre pratique, d’explorer notre essence, de se faire du bien, de se bien comprendre. Je prends l’entière responsabilité pour toutes les erreurs de traduction, de compréhension, d’interprétation ou de référencement que l’on pourrait retrouver dans les textes. Je vous prie aussi d’excuser mes trop nombreuses fautes de français. La plupart des entrées sont des sujets de réflexion et non de discussions. L’essentiel demeure la pratique. La compréhension vient avec le temps et la pratique.
Je vais tenter d’indiquer les sources pour certains des textes citées. Garder à l’esprit que pour les textes plus anciens, le mystère, le mythe et la légende sont partout présents. Plus on va loin dans le temps, dans l’histoire, dans la profondeur, plus les lignes deviennent floues, plus cela devient une histoire, une aventure, une épopée, une voie avec tous ses versions, ses variantes et leurs contraires.
Autre difficulté ; deux niveaux de traduction. Souvent, le texte original chinois a été traduit en premier en anglais, puis de l’anglais au français. Certaines traductions nous viennent d’universitaires, certaines nous viennent de poètes, d’autres de guerriers, d’autres encore nous viennent de médecins ou d’enseignants. Souvent, trois traductions d’un même texte peuvent avoir très peu de ressemblances entre eux, surtout pour un débutant. Garder à l’esprit que l’on ne cherche pas une vérité ; on recherche une voie. Ce qui demeure fascinant c’est qu’un même texte puisse inspirer un si large éventail d’individus. Un universitaire, un poète, un guerrier, un médecin, un enseignant, un débutant ; tous sur la même voie.
 IMG_0623aToile de Roger Sivigny

La pratique de la forme. Les deux aspects.

Les postures 

L’enchainement est une série de postures. Chaque posture a un nom. Le nombre peut varier selon le style. Il y a les postures et les transitions. Les postures sont un moment d’arrêt, de parfaite tranquillité. On s’attarde un moment pour s’ajuster, pour vérifier que l’on est bien enraciné, bien aligné, bien centré, bien balancé. Les postures doivent être conformes aux exigences du style que l’on pratique. Idéalement la posture est stable, elle devrait être confortable, elle permet de relâcher les tensions inutiles.  À la longue, on devrait pouvoir « tenir la posture »  pendant plusieurs minutes sans trop souffrir. La posture sert à cultiver la tranquillité.

La posture est Yin.  Il est dit que dans la tranquillité, le yin et le yang sont unis. La dualité s’estompe. La sensation en est une de plénitude, de quiétude. On retrouve l’idée des jeux gonflables pour les enfants. Il n’y a rien de rigide, rien de dur. On fait souvent référence à l’énergie peng ou le peng jin.

Arrivé à un certain niveau de pratique, on peut prendre le temps de faire une, trois, cinq, sept, ou neuf respirations ou plus à chaque posture. Cela aide à prendre conscience des mouvements internes. Ce sont des exercices utiles pour les personnes qui aspirent à cultiver le spirituel ou le martial par leur pratique. Ce sont des exercices assez exigeants. Nous ne sommes pas obligés de faire toute la forme avec ces exercices. On peut se servir d’une petite section. L’idée est d’explorer, d’expérimenter. Il est important que tout cela demeure confortable. La douceur est de mise. Éviter d’ambitionner. Éviter de se casser la tête. Évitez de créer des tensions inutiles. Respirer naturellement, sans trop y penser. Écoutez.

Toutes les postures ont un nom. Nommez la posture avant d’entreprendre la transition comme on « call les shots » avant de jouer le coup au billard peut nous aider à apprivoiser l’idée du mouvement conscient. Nommer les postures, c’est souvent la voie par laquelle on aborde l’idée de l’intention. Ça va aussi nous aider à cultiver le silence, à interrompre le dialogue intérieur.

Il est dit que « le Yin conduit à l’extrême devient Yang ». Au cœur de l’extrême tranquillité nait une intention; s’en suit un geste, un mouvement.

 

Les transitions

Entre deux postures il y a la transition, le déplacement, le mouvement. Les mouvements sont composés de nombreux gestes. On dit que c’est le geste qui génère le mouvement. Le mouvement est yang. C’est dans l’exécution des mouvements que les idées de douceur, de continuité, de stabilité, d’équilibre, et d’harmonie vont se manifester. C’est dans les transitions, dans les mouvements que l’on peut explorer et appliquer Les Dix Points essentiels. Idéalement, Les Dix Points essentiels doivent guider tous nos gestes, ils doivent être au cœur de notre pratique.

Il est dit que dans le mouvement le yin et le yang se séparent. L’idée de mobiliser refait surface. L’esprit mobilise le chi, le chi mobilise le corps. L’instant entre la parfaite tranquillité et un mouvement qui implique entièrement et simultanément toutes les parties du corps. Une étincelle. Sans hésiter, sans se presser. On sait où on va. On va à la prochaine posture. Il est dit, « une partie bouge, toutes les parties bougent ». Comme se lever pour aller chercher un verre d’eau.

La sensation en est une d’un déroulement. Les nombreux liens entre les parties en mouvement apparaissent. Le plein et le vide doivent être clairement définis. Les actions du haut du corps (dos, épaules, coude, poignet, mains) et les déplacements du bas du corps (taille, hanche, genoux, chevilles, pieds) doivent être bien coordonnés. Les mouvements internes et les gestes externes doivent être bien harmonisés. À la fin tout revient à la posture ; bien enraciné, bien centré, bien aligné, bien balancé. Tout revient à la tranquillité.  « Une partie arrête, toutes les parties arrêtent ».

Il est dit que « le Yang retourne toujours au Yin ». Une fois l’action accomplie, tout revient à la tranquillité.

 

L’importance de l’idée que tout part de la posture et tout revient à la posture!
Si les postures sont justes, tout commence bien et tout finit bien. Il est alors beaucoup plus facile pour que tout se passe bien. Si nos postures ne sont pas conformes, les transitions deviennent difficiles et les bienfaits de notre pratique sont bien en deçà de ce à quoi nous sommes en droit de nous attendre.

 

Si on compare l’enchainement à un collier de perles précieuses, les transitions sont comme les perles (elles sont rondes, elles sont pleines, elles occupent beaucoup d’espace). Les postures sont comme les petits nœuds qui s’encastrent entre chacune des perles. Ils occupent peu de place, mais assurent l’intégrité. Les nœuds font que si le collier se brise, on n’échappe qu’une seule perle. Sans les nœuds, tout est perdu.

 

Les postures de Yang Cheng Fu (Style Yang traditionnel)
https://www.youtube.com/watch?v=4u12NAhgjVU

Les postures de Yang Cheng Fu et Chen WeiMing côte à côte
https://www.youtube.com/watch?v=uQ4D_8n24Z8

  

La continuité.

                La continuité dans le mouvement implique que la transition entre les postures se déroule de façon égale, sans heurts. Dans le texte classique « Théorie du T’ai Chi Ch’aun » attribué à Chang San Feng on retrouve la formule « sans trous sans cassures, sans coins sans creux ». Il y a aussi la continuité dans la structure du corps. L’image du fil qui unit les perles du collier. L’idée que toute la structure se tient, que tous les éléments sont rattachés les unes aux autres sans failles.

Le manque de continuité : l’idée qu’il y a du « lousse dans le steering » d’une auto, un manque de continuité qui fait que la conduite est imprécise et désagréable, voire même dangereuse.

Ne pas trop insister pour faire toute la forme (les 108 postures) de façon à ce que le mouvement ne s’arrête jamais. Respecter les postures.

Quand le corps s’arrête, l’intention continue. Quand l’intention s’arrête l’esprit continu.

 

À suivre

 

 

 

 

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