Petit historique du Tai-Chi Ch’uan

Diagramme taoiste de l'alchimie interne.
Diagramme taoiste de l’alchimie interne.
Chang San-feng
Le sage Chang San-feng

Une myriade de sources, de ruisseaux, de rivières et d’affluents drainent un territoire immense pour alimenter un grand fleuve. Il en est ainsi pour l’histoire du Tai Chi Ch’uan. Un nombre inestimable de maîtres, de sages, d’ermites, d’érudits et d’adeptes d’une multitude de disciplines ont contribué depuis plus de 5000 ans au corps de connaissance dont est issu le Tai Chi Ch’uan. Aujourd’hui même, le processus se continue.

Or, la pratique d’exercices visant à cultiver l’énergie, préserver la jeunesse et accroître la longévité sont des aspects très anciens de la culture chinoise. Selon la tradition, 2700 ans avant notre ère, le légendaire Huang Ti, l’Empereur Jaune, pratiquait déjà un système d’exercices appelé TaoYin. Le mot Tao se traduit par guider, le mot Yin par mener. Ces deux termes indiquent bien comment fonctionnait le système. Les mouvements du corps entraînent le sang, le souffle et le chi à circuler plus efficacement afin de nourrir, réparer, nettoyer, oxygéner et énergiser les milliards de cellules qui le composent. Ainsi, le mouvement devient la base d’un système qui mène et guide des processus corporels automatiques afin qu’ils fonctionnent d’une façon plus bénéfique.

Mais ce n’est que beaucoup plus tard que prendra forme le Tai Chi Ch’uan, l’art martial, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Voici quelques personnages qui ont beaucoup contribué au développement de cet art sous sa forme actuelle.

En ce qui concerne les arts martiaux internes chinois, c’est Lao Zi (Lao Tseu), le patriarche taoïste qui vécut 600 ans avant notre ère, qui est réputé en être l’inventeur. Cette assertion est basée sur un chant qui mentionne le symbole du Tai Chi et la pratique de l’art du poing pour atteindre l’immortalité.

Vers l’an 500, à l’époque de la dynastie des Liang ( 221-589), un dénommé Han Gong-Yue développait un système de combat similaire au Tai Chi Ch’uan appelé Les Neuf Petit Ciels. Cet art comportait 15 postures.

Xu Xuan-ping, un légendaire ermite taoïste de la dynastie Tang (618-907), formulait un art appelé Sanshiqi ou Longue Boxe, composé de 37 postures semblables à celles que nous pratiquons de nos jours.

L’immortel Li, ermite taoïste de la dynastie Tang, vivait dans les montagnes Wudang. La légende dit qu’il a vécu jusqu’à la fin de la dynastie Ming, soit plus de mille ans. Son art de 37 postures s’appelait Xiantianquan. Xiantian se traduit par La scène avant que l’univers soit créé.

Hu Jing-zi fondait le Houtianfa. Houtian se traduit par La scène après que l’univers fut créé. Ce système était composé de 13 postures.

Toujours selon la légende, c’est vers 1310 que Zhangsanfeng, (Chang San-feng), un moine bouddhiste du temple Shaolin, maître des arts martiaux, rencontre l’immortel Sage Taoïste Huolong. Houlong est réputé avoir vécu 325 ans. L’ermite lui montre les méthodes pour atteindre l’immortalité. Dès lors, Zhangsanfeng quitte le temple Shaolin et part vivre dans les monts du Wudang, terre sacrée des Taoïstes, pour y chercher l’illumination. Les prêtres du Wudang étaient réputés être les plus martiaux des Taoïstes.

Zhangsanfeng y apprit probablement d’autres techniques de combat. C’est Zhangsanfeng qui est généralement reconnu comme étant le fondateur du Tai Chi Ch’uan.

L’histoire raconte qu’après avoir été témoin d’un combat entre un serpent et un oiseau et avoir observé les mouvements souples et circulaires du serpent, Zhangsanfeng réalisa qu’en vérité la souplesse et la douceur pouvaient vaincre la dureté et la force. C’est ainsi qu’il aurait développé l’art du Tai Chi Ch’uan, en appliquant les principes taoïstes à ses vastes connaissances des arts martiaux.

C’est avec l’apparition et l’utilisation de plus en plus répandue des armes à feu en Chine au cours du dix-huitième siècle, que les aspects martiaux de l’art ont perdu de leur importance au profit des aspects santé.

De nos jours, nous retrouvons cinq styles dominants de Tai Chi Ch’uan.
Le style de la famille Chen, dont on doit la paternité à Chen Changxing(1771-1853), est le style original. Tous les autres styles en découlent. Chen Changxing apprit l’art de Jiang-Fa qui est de la lignée de Zhangsanfeng.

Le style de la famille Yang fut développé par Yang Lu-ch’an (1799-1872) et popularisé par son petit fils, Yang Cheng Fu (1883-1936). Le style Yang est aujourd’hui le plus pratiqué au monde. Yang Lu-ch’an apprit le style Chen avec Chen Changxing puis développait le style Yang en le rendant plus conforme au principes taoïstes.

Le style de la famille Wu fut développé par Wu Yu Xiang (1812-1880), un éleve de Yang Lu-ch’an. Ce style fut popularisé par Hao Wei Chen(1849-1920), d’où le fait q’on le nomme souvent Wu-Hao.

Le style de la famille Wu (aussi appelé Wu mandchou) fut développé par Wu Quan You(1834-1902), qui était un des meilleurs élèves de Yang Lu-ch’an. Il enseigna entre autres à son fils Wu Jian Quan(1870-1942) qui fonda le style Wu. Ce style garde une grande ressemblance avec le style Yang.

Le style de la famille Sun fut fondé par Sun Lu Tang(1861-1932). Sun Lu Tang était maitre de Hsing I et de Pa Kua. Il apprit le Tai Chi Ch’uan de style Wu avec Hao Wei Chen puis créa le style Sun en intégrant des aspects du Hsing I et du Pa Kua au mouvements du Tai Chi Ch’uan.